FAFL or not FAFL ? That is the question

Ce matin encore, à la lecture d’un hors-série destiné aux passionnés d’aviation et maquettistes, je me suis retrouvé à lire des noms d’unités affublés de la qualification de FAFL, alors qu’elles ne le sont pas. Une erreur récurrente qu’on retrouve souvent, plus rarement dans la presse spécialisée toutefois, mais une erreur qui me semble mériter un éclaircissement. Car si, aujourd’hui, cela ne semble pas choquer grand monde, en 1940-1945, il en était tout autre… Et pour cause. 

Insigne FAFL


La création des FAFL en 1940 


Le Général de Gaulle acte la création des Forces aériennes françaises libres (FAFL) le 8 juillet 1940 (certaines sources officielles citent le 7 juillet - 1) et en confie le commandement à l’Amiral Muselier. Elles sont définies initialement comme forces aériennes militaires de la France Libre, qui est la structure française créée à Londres et qui deviendra ultérieurement gouvernement en exil puis gouvernement provisoire, une fois revenu sur le territoire français. Au moment même de la création des FAFL, des unités de Français se constituent en Égypte à partir de personnels qui ont fui les territoires français, quelquefois avec leurs avions. Il s’agit des French Bomber Flight no.1 (deux Glenn Martin 167, intégré au 8 Sqn de la RAF puis dissous), Free French Flight no.2 (3 MS 406 et 2 Potez 63, intégré au 274 Sqn de la RAF puis dissous mais servant à constituer un embryon de nouvelle unité de chasse française au Levant en 1941 qui deviendra le GC Alsace), et le Free French Flight no.3 (Potez 25, 29 très rapidement dissous, matériel et personnel reversés dans les autres unités françaises au Moyen-Orient). 


Structuration et définition des FAFL (1941-1943) 


La disparité des maigres moyens des FAFL sont très rapidement réunis en Groupes de combat. Ce sont ces groupes qui donneront les unités constituées FAFL qui seront ultérieurement les seules unités FAFL autorisées à conserver cette tradition FAFL. Tous les groupes créés portent un nom de province française (choisie parmi les noms de territoires occupés par les Allemands en France métropolitaine en 1940-1942). Chaque groupe est constitué de deux escadrilles portant le nom de deux grandes villes de ces provinces. 

Au Tchad, territoire libre ayant fait allégeance à de Gaulle très tôt, est constitué un Détachement Permanent des Forces Aériennes du Tchad. Ce détachement devient Groupe Bretagne en 1942. 

Avant la création du Bretagne, deux unités de bombardement créées en Angleterre (escadrille Topic et escadrille « Menace ») sont envoyées en Afrique dans une opération vaine destinée à obtenir le ralliement de Dakar à la France Libre puis débarquées et rejoignent le Nigeria et le Tchad. Elles forment le GRB 1(Groupe Réservé de Bombardement n°1). Un GRB 2 est créé à Brazzaville sur Glenn Martin. Ces deux unités sont fusionnées en septembre 1941 pour former le premier Groupe de bombardement FAFL : le Groupe Lorraine. Il prend le nom de Squadron 342 dans la RAF. 

Blenheim Mk.IV FAFL



Les éléments de chasse de l’escadrille « Menace » rassemblés au Congo vont être fusionnés avec les unités de chasse au Levant et en Égypte pour former l’Escadrille Française de Chasse n°1 qui va devenir en Septembre 1941 le Groupe de chasse Alsace, le Groupe Alsace étant le premier Groupe de chasse FAFL. Cette unité retourne ensuite continuer le combat en Angleterre. Il prend le nom de Squadron 341 dans la RAF. 

En Angleterre, un second groupe de chasse est créé en octobre 1941, principalement destiné à réunir les pilotes français disséminés dans les diverses unités de la RAF. C’est le Groupe Ile de France. Il prend le nom de Squadron 340 dans la RAF. 

À la suite de la victoire au Levant des forces franco-britanniques, un troisième Groupe de chasse est créé en Syrie et ce Groupe de chasse devient officiellement Groupe Normandie en septembre 1942. Il est ensuite envoyé au Combat en URSS et deviendra Normandie-Niemen. Le groupe devient régiment de chasse en février 1944 et crée une troisième escadrille. 


Fusion des FAFL et de l’armée de l’Air d’armistice 


Suite au débarquement Torch en Afrique du nord et de la prise de contrôle alliée sur l’Afrique du nord, les FAFL disparaissent le 31 juillet 1943. Au 1er août 1943, sont créées les Forces Aériennes Françaises. Toutefois, les unités qui étaient FAFL conservent leur tradition FAFL. Aucune autre unité aérienne française ne pourra alors se prévaloir du titre FAFL. À cette date les unités FAFL sont au nombre de 9 : 5 Groupes et 4 Escadrilles. 

Après le départ du Levant d’une majorité de moyens, les personnels restés sur place avec quelques avions sont constitués début 1943 en deux escadrilles FAFL disposant de noms locaux (Damas et Palmyre). Un groupe de bombardement est créé après la fusion, et il est doté des traditions FAFL car issu de deux unités FAFL, c’est le Groupe Picardie. 

Il en va de même pour les unités du Groupe Aérien de Défense Côtière créé début 1943 composé de l’Escadrille Arras (basée à Pointe Noire, Congo) et de l’Escadrille Béthune (basée à Douala), toutes deux FAFL. Lorsque ces deux unités et le détachement de Libreville (FAFL) sont regroupées en Groupe Artois en août 1943, ce dernier est aussi doté des traditions FAFL. 

Avro Anson, Escadrille Arras, Groupe 1/16 Artois, 1944.


La liste des unités FAFL 


Les seules unités aux traditions FAFL des Forces aériennes françaises, de l’armée de l’Air, puis de l’armée de l’Air et de l’Espace ont été, sont et seront toujours les sept suivantes :

  • Lorraine 
  • Bretagne 
  • Normandie-Niemen 
  • Alsace 
  • Ile de France 
  • Picardie 
  • Artois 

Une unité est un peu particulière puisqu’elle a bien fait partie des FAFL, mais elle n’a obtenu aucune véritable filiation après sa disparition : il s’agit des Lignes Aériennes Militaires, constituées par Lionel de Marmier à partir de 1941 pour les liaisons entres les différents territoires libres. Si les LAM ont continué après la réunification de 1943, elles sont fusionnées en 1945 avec les Services civils des liaisons aériennes et intègrent Air France suite à sa nationalisation. Deux Bataillons d'Infanterie de l'Air ont aussi été créés et intégrés aux FAFL, le 2è et 3è. Si le premier a été dissous en 1946, le second a perduré dans l'armée de Terre jusqu'en 2009 sous différentes appellations.

P-47D Cartophilus II, GC Ardennes



Aucune autre unité, fut-elle porteuse de décoration avec la Croix de Lorraine n’est FAFL. De grâce, messieurs les auteurs spécialistes d’aviation, quand vous voyez un Spitfire du Berry ou du Cigogne, voire un P-47 de l’Ardennes (ou autre), cessez de le qualifier de FAFL. C’est parfaitement faux, cela donne corps à des erreurs, et en plus vous vous décrédibilisez. 

Spitfire XVI, GC Berry, 1945



RVB 

Note : 
1. https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/les-forces-aeriennes-francaises-libres 

Légende et crédit photos :
De haut en bas :
  1. Insigne FAFL, collection Cocardes, collection familiale.
  2. Bristol Blenheim IV désert de Lybie, en 1942, collection Cocardes.
  3. Avro Anson de l'escadrille Arras du GB 1/16 Artois en 1944, SHD/Air B82-904.
  4. P-47D-30-RA du GC III/3 Ardennes en 1945, collection Cocardes, fonds Portillo.
  5. Spitfire Mk.XVI du Sqn 345 Berry, collection Cocardes, tirage original.




Enregistrer un commentaire

Copyright © Cocardes.
/*Code SendInBlue ------------------------------- */